Je change de chaudière - Quelle énergie choisir ?

Intégrer l'usage et le confort du logement

Tous les calculs et autres mesures ont la vertu de l'exactitude mais aussi le vice de l'abstraction. En effet, difficile de comparer la résidence principale d'un couple de retraités à Lille avec une maison de vacances en Corse, tant leurs usages sont différents ! La première, occupée 24h/24, nécessite à l'évidence une chaudière particulièrement efficiente, la seconde peut se contenter d'un investissement réduit même au prix d'une exploitation plus onéreuse en cas d'utilisation.

Ainsi, il est utile de prendre le temps de réfléchir à l'usage du bâtiment dans les 20 à 30 années à suivre, afin d'optimiser le type de chauffage, sa puissance, et son retour sur investissement. Dans le même esprit, les exigences de confort doivent être prises en compte.

Quelques pistes de réflexion :

- Résidence principale ou secondaire
- Nombre d'habitants à l'année
- Horaires de présence des habitants
- Périodes d'occupation (weekends, vacances, saisons)
- Besoins en eau chaude sanitaire (nombre de douches par jour, important pour une résidence secondaire en bord de mer par exemple)
- Projets d'agrandissements (véranda, extension)
- Projets de travaux (rénovation du plancher bas, piscine)
- Besoin de rafraichissement en été
- (...)

Lister les contraintes et les opportunités techniques du bâtiment

Même si vous êtes prêt à investir dans un nouveau système de chauffage, certaines particularités de votre logement limitent ou étendent vos choix. Il est donc indispensable de les passer en revue avant de se lancer dans l'étude détaillée.

Contraintes et opportunités liées à la production de chaleur

Selon les différents types de production, on relève les impératifs et les possibilités techniques associées. Ces éléments sont détaillés, technologie par technologie, dans le chapitre 2 (fioul, gaz, pompe à chaleur, électricité, bois, solaire?).

Contraintes et opportunités liées à la distribution de la chaleur

Les lois de la physique étant difficiles à contourner, on observe que les meilleurs rendements énergétiques sont obtenus en utilisant des émetteurs à basse température, comprise entre 40° et 50° C (température de sortie de chaudière autour de 60°C). En comparaison, les radiateurs classiques, dit haute température, nécessitent une eau entre 70° et 90°C.

La question qui se pose donc inévitablement est : « Mes anciens radiateurs sont-ils compatibles avec un système à basse température ? » Comme souvent, la réponse est? « Ça dépend ! »

La basse température (chaleur douce)

Avantages :

• Meilleur rendement
• Moins de pertes thermiques dans les tuyaux
• Homogénéité de l'ambiance thermique (moins de différences de T°selon les endroits de la pièce)
• Moins de convection, donc moins de poussière
• Plus de réserve de puissance en cas de grand froid

Inconvénients :

• Emetteurs plus volumineux, moins discrets et souvent plus chers
• Volume d'eau plus important nécessitant parfois un circulateur plus puissant et un vase d'expansion plus grand
• L'augmentation du débit peut occasionner des pertes de charges et du bruit si les tuyaux sont trop étroits

La puissance d'un émetteur dépend essentiellement de sa surface. Elle est indiquée par le fabricant pour un régime donné de températures d'eau, c'est à dire une température d'entrée d'eau dans le radiateur et une température de sortie. Ainsi, par exemple, un radiateur émettant 2500 Watts sous un régime 90°/70°, tombe à 700 Watts pour un régime basse température de 50°/35°. Largement insuffisant donc... excepté que :

- d'une part, la baisse de puissance avec le régime n'est pas linéaire : la puissance de ce même radiateur serait de 2000 W pour un régime de 75°/65° ; tout à fait envisageable pour les chaudières basse température (sans néanmoins bénéficier du meilleur rendement)

- d'autre part, il n'est pas rare que les radiateurs haute température soient largement surdimensionnés. C'est même particulièrement fréquent pour les installations datant d'avant 1970, équipées d'émetteurs en fonte.

La réponse exacte est donc : « Cela dépend de la puissance de vos radiateurs »

Evidemment, personne ne connaît la puissance de ses radiateurs à moins d'avoir gardé la documentation du fabricant.

Trois solutions s'offrent à vous :

- Cherchez un peu : c'est écrit dessus, ou plutôt dessous, ou derrièr (utilisez un miroir pour éviter le démontage)

- Seule la marque est indiquée : direction internet ! (site du fabricant, ou forum de plombier avec une photo)

- Aucune indication :

* L'émetteur est en acier : pratiquement impossible de connaître sa puissance. Seul un bon professionnel sera capable de donner une estimation, basée sur son longue expérience (ou sa collection de vieux catalogues).

* L'émetteur est un « vieux fonte » à éléments : ces radiateurs sont composés de « tranches » que l'on juxtapose pour obtenir la puissance désirée. La puissance d'un élément dépend de sa hauteur et de sa profondeur (dépendante du nombre de colonnes : 1, 2, 3, 4, ou 6). La puissance totale du radiateur est ainsi donnée par le produit de la puissance unitaire d'un élément par le nombre d'éléments. Elémentaire !

Pour conclure, trois cas se présentent :

- Votre logement est déjà équipé d'émetteurs basse température : tous les types de chaudières sont éligibles à votre projet de rénovation

- Votre logement est équipé de radiateurs haute température surdimensionnés : vous pouvez envisager les chaudières basse température pouvant monter au régime 75°/65° (ce qui exclu la majorité des pompes à chaleur et le solaire thermique)

- Votre logement est équipé d'émetteurs haute température correctement dimensionnés, sans marge de manoeuvre. Vous avez alors trois possibilités :

* Installer une chaudière haute température... Mais il y a peu de choix, les chaudières actuelles offrent une température maximum de 80°C. Il est probablement plus rentable de travailler sur l'isolation (voir notre guide « l'isolation thermique en rénovation » sur http://www.greenvivo.com/fr/guide.details/l-isolationthermique-en-renovation-pourles-particuliers_6)

* Rénover le circuit de distribution, c'est à dire au minimum changer les radiateurs, voire changer tous les tuyaux. Inutile de dire que le retour sur investissement s'allonge dangereusement dans la plupart des cas. Nous recommandons l'intervention d'un professionnel compétent pour étudier ce type de projet.

* Passer à un système de chauffage décentralisé (radiateurs électriques par exemple) et/ou hybride, c'est à dire cumulant une source de chaleur basse température et une chaudière d'appoint pour les jours de grand froid. Nous traiterons ces cas plus loin dans ce guide. Là encore, nous recommandons l'intervention d'un professionnel compétent pour étudier ce type de projet.

Faut-il renoncer au chauffage central ?

Dans quelques situations précises, il peut en effet être intéressant d'abandonner le chauffage central pour des sources de chaleur dites « autonomes ». C'est notamment le cas pour les résidences secondaires, surtout celles occupées essentiellement l'été, qui peuvent se contenter de radiateurs électriques.

De petites maisons occupées à l'année offrent parfois la possibilité d'une solution alternative. En voici un exemple réel : le propriétaire d'une maison de 110 m2 sur deux niveaux ayant choisi de décloisonner tout le rez-de-chaussée a choisi une solution hybride. Un insert (cheminée fermée chauffe le rez-dechaussée « en direct », ainsi que les deux chambres à l'étage via un réseau de distribution d'air chaud. Quelques radiateurs électriques ont été installés pour maintenir la maison hors-gel pendant l'absence des occupants, et offrir une température agréable dans la salle de bain.

Enfin, les maisons dont l'isolation thermique rénovée permet d'accéder au label « BBC Rénovation » (Bâtiment Basse Consommation) peuvent être équipées de radiateurs électriques? Mais elles sont encore très rares !